Histoire

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Portraits de famille

Découvrez l'origine aristocratique et populaire de George Sand !

Maurice de Saxe, l'arrière-grand-père

Le salon de Nohant est, à lui tout seul, une véritable « galerie de portraits » qui rappelle l’ascendance aristocratique de George Sand. 

Au commencement, pouvons-nous dire, il y a Maurice de Saxe, maréchal de France, fils d’Auguste II de Pologne et de Marie-Aurore de Koenisgsmark, comtesse suédoise. Maurice de Saxe aura avec la comédienne Marie Rinteau, plus élégamment dénommée Madame de Verrière, une fille, Marie-Aurore de Saxe, qui nait le 19 octobre 1748 : elle deviendra la grand-mère de la future George Sand.

Maurice de Saxe

© Colombe Clier / Centre des monuments nationaux

Marie-Aurore de Saxe, la grand-mère

Marie-Aurore, élevée à Saint-Cyr, épouse Louis-Claude Dupin de Francueil, fermier général à Châteauroux, alors âgé de soixante-et-un ans. Elle en a vingt-neuf. La jeune épousée semble éprise de son vieux mari. Elle dira plus tard à sa petite-fille qu’il fut "la plus chère affection de sa vie".

Monsieur Dupin de Francueil, esprit éclairé, se montre passionné par les encyclopédistes et les philosophes des Lumières. Il est aussi excellent musicien. Il est par ailleurs très riche et quand il meurt, trois ans avant la Révolution, il laisse à sa veuve un revenu annuel de soixante-quinze mille francs. Son portrait figure en bonne place dans le salon de Nohant.

Marie Aurore de Saxe

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

Maurice Dupin, le père

Un fils, prénommé Maurice comme son aïeul, naît de cette union en 1778. Pendant la Révolution, Madame veuve Dupin de Francueil a quelques déboires et connait les geôles de la Terreur. Plus tard, fuyant la capitale avec son fils, elle décide de leur installation à Nohant, terre dont elle fait l’acquisition. 

Maurice est enrôlé comme soldat de la Révolution comme chasseur à cheval. Le petit-fils du maréchal de Saxe est rapidement promu aide de camp. C’est en militaire qu’il est représenté sur les murs du salon dans son uniforme à brandebourg. Sur les champs de bataille napoléoniens et au cours de la campagne d’Italie, il fait la connaissance de Sophie-Victoire Delaborde qui devient sa femme. 

C'est ainsi que vient au monde une petite fille baptisée Amantine Aurore Lucile Dupin qui entrera dans l’Histoire sous le nom de George Sand.

Marie-Aurore de Saxe prend ombrage de cette union qu’elle considère comme une véritable mésalliance. George Sand, elle, estimera toujours très positivement ses origines populaires. Sa mère n’était que la fille d’un simple oiseleur des quais de la Seine. Elle se plaisait à déclarer à ce propos :

Ma mère était de la race vagabonde et avilie des Bohémiens de ce monde.

Il n’existe qu’une seule représentation de Sophie-Victoire Delaborde, dessinée de mémoire par sa fille, car les gens du peuple ne se faisaient pas portraiturer.

Maurice Dupin

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

Amantine Aurore Lucile Dupin, dite George Sand

Après la mort de sa grand-mère, la jeune Aurore se rend chez des amis de son père, près de Melun. C’est là qu’elle rencontre celui qu’elle ne tarde pas à épouser : le baron Casimir Dudevant. De cette union naissent deux enfants, un garçon et une fille : Maurice et Solange

Peu de temps après ces naissances, le couple se sépare et Aurore Dudevant, ayant reconquis son indépendance, devient définitivement  George Sand. C’est ainsi qu’elle se fait représenter par Auguste Charpentier dans un célèbre portrait daté de 1838. 

Ses cheveux noirs et longs, rehaussés par des fleurs des champs, entourent un visage ovale et parfait. Ses grands yeux éclairent un teint plutôt bistre.  La bouche est dessinée délicatement avec deux fossettes de chaque côté. Il existe de nombreux portraits de George Sand mais celui-ci reste, sans doute, le plus marquant.

Maurice et Solange ont eux aussi la chance d’être portraiturés par le peintre. Solange est représentée de profil tandis que Maurice est peint de face. On retrouve dans le regard de ce dernier celui de sa mère, George Sand. En arrière-plan, un décor de nuages apporte de la profondeur aux œuvres.

Ces trois portraits sont présentés dans le salon de la maison. Au centre, George Sand est entourée de part et d’autre des portraits de ses enfants.

George Sand, portrait d'Auguste Charpentier

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

Maurice Dudevant

Né le 30 juin 1823, Maurice suit les traces de sa mère. Il est un curieux né. Paléontologue, entomologiste, historien, archéologue, illustrateur, peintre, caricaturiste ou encore marionnettiste, il touche à tout.

En 1862, il épouse Marcelina Calamatta, dite Lina. De ce mariage tardif, naissent trois enfants : Marc-Antoine, surnommé Cocoton, né en 1863 (il décède malheureusement l’année suivante), Aurore, dite Lolo en 1866 et Gabrielle, dite Titite en 1868.

Maurice Dudevant

© Alain Lonchampt / Centre des monuments nationaux

Solange Dudevant

Solange, deuxième enfant du couple, naît le 13 septembre 1828. D’un caractère indomptable, George Sand dit d’elle que c’est un lion. En 1847, elle épouse le sculpteur Auguste Clésinger. Ensemble, ils ont deux filles, deux Jeanne-Gabrielle. La première décède peu de jours après sa naissance ; la seconde, surnommée Nini, fait la joie de sa grand-mère avant de décéder tragiquement, âgée d’à peine six ans.

Une photographie de l’enfant restera longtemps accrochée dans la chambre de George Sand.

George, Lina et Maurice reporteront tout leur amour sur les deux petites filles de Maurice, qui ont su redonner à Nohant toute sa gaîté. 

Solange Dudevant

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

En photo

Bien des portraits de George, Solange, Maurice, Lina, Aurore et Gabrielle les évoquent tout au long de leurs vies. Souvent réalisés en peinture ou parfois au crayon, ils le sont aussi sous la forme de portraits photographiques tirés par le célèbre Nadar ou le photographe Verdot.

Nombreux sont ceux qui choisissent les membres de cette illustre famille comme modèles ! Charpentier, Delacroix, Thomas Couture, plus tard Frédéric Lauth ou Santaolaria... Mais aussi des dessinateurs comme Musset, Clésinger ou même Maurice Sand. 

Tous ces portraits, aujourd’hui répartis dans la maison, contribuent à lui donner son âme. Ils nous racontent l’ascendance et la descendance de celle qui devint une écrivaine engagée et qui habite encore si magnifiquement cette illustre demeure.

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