Histoire
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L’atelier que fait aménager George Sand en 1852 dans une partie du grenier, avec deux immenses fenêtres en vis-à-vis, vers le nord et vers le sud, témoigne des intérêts et talents divers de son fils Maurice. Il est ouvert uniquement dans le cadre de visites spécifiques.
Maurice Sand, le fils choyé et adulé par George Sand, trouve à Nohant le cadre idéal pour toutes ses passions et ses multiples recherches.
Élève à l'âge de 17 ans dans l’atelier de Delacroix, il acquiert auprès du célèbre peintre les rudiments de la peinture et du dessin. Déjà enfant, il se plaît à reproduire avec un certain talent des militaires au champ de bataille ou à la parade.
Ces premiers essais paraissent suffisamment prometteurs à George Sand pour qu’elle décide que son fils soit artiste à part entière. Sa route semble ainsi toute tracée ! Sans doute ce destin exceptionnel que lui prédit sa mère pèsera-t-il lourdement sur ses épaules. L’enjeu est de taille. Toute sa vie, Maurice tente de s’en montrer à la hauteur en expérimentant de nombreuses pistes.
Il le fait d’abord avec le dessin et la peinture. Il couche sur le papier de nombreuses représentations de paysages, de personnages ou de scènes de vie. Il n’a pas son pareil pour réaliser de nombreux carnets de voyage qu’il confectionne aux Baléares, dans le Nouveau Monde ou même dans le Midi de la France ou en Auvergne.
Maurice est, par ailleurs, un habile caricaturiste qui sait saisir des personnages cocasses ou des situations insolites.
Très tôt, il se montre passionné par les personnages de théâtre que ce soit ceux du théâtre de Marivaux ou plus tard ceux de la commedia dell'arte. Il se met d’abord à les représenter sur des éventails ou sur des écrans de cheminées puis il achève un magnifique album intitulé « Masques et bouffons » qui déploie l’immense diversité de tous ces héros de théâtre. L’album, édité en deux volumes, connait un certain succès.
Sans doute la création de cet ouvrage l’amène-t-il à se frotter directement à la pratique théâtrale. Pour cela, il se fait décorateur, machiniste, marionnettiste, accessoiriste, auteur, comédien…
Maurice Sand remet au goût du jour cet art de la marionnette si injustement oublié. Il crée à Nohant deux théâtres : celui des petits acteurs de bois et celui des acteurs vivants. Ils font les grands soirs de Nohant ! Maurice sculpte les têtes de ses personnages dans du bois de tilleul et George les habille. C’est un travail partagé. Maurice devient aussi un manipulateur chevronné. C’est pour lui un véritable investissement car il y consacre beaucoup de son temps.
Il entame, parallèlement à sa passion pour le théâtre, une activité d’illustrateur.
Il participe avec sa mère à l’édition de certaines de ses œuvres en les illustrant graphiquement, comme Le Meunier d’Angibault ou Les Légendes Rustiques.
Il souhaite également se confronter directement à l’art de l’écriture. Il rédige ainsi neuf romans dont Callirhoé, Raoul de la Chastre ou Le coq aux cheveux d’or.
George Sand use toujours de sa réputation pour les faire éditer.
La véritable passion de Maurice, en dehors de l’art des marionnettes, semble bien être celle des sciences naturelles. Il se montre littéralement fasciné par le monde minuscule des insectes ou des papillons. Très tôt dans son enfance, sa mère lui avait transmis ce goût pour tout ce que la nature peut offrir de meilleur.
Il observe, il collectionne, il répertorie de nombreuses espèces tout au long de sa vie. Il réalise même un Catalogue raisonné des lépidoptères du Berry et de l’Auvergne qui est remarqué par les Sociétés entomologiques et géologiques de France. Sa préférence va au monde des papillons au point qu’il se met à les élever à Nohant. Il est fasciné par la mutation de la chenille en chrysalide et enfin en lépidoptère qui prend son envol. Il leur consacre un magnifique ouvrage intitulé Le Monde merveilleux des papillons dans lequel il reproduit avec talent et précision les nombreuses variétés avec leurs formes et leurs couleurs multiples.
Maurice est, en outre, passionné par le surnaturel. Cette approche est très présente dans plusieurs de ses romans ou même dans certaines de ses marionnettes. Le fantastique s’infiltre souvent en filigrane dans plusieurs de ses recherches. Il demeure pourtant convaincu que la science est la seule certitude de l’homme de progrès. Il sait avec talent et obstination tisser un fil entre l’art et la science. En cela, son regard reste singulier.
Maurice a su développer ces nombreuses tentatives artistiques sans jamais prétendre devenir un artiste accompli tel que pouvait le concevoir George Sand. Il est néanmoins un dessinateur, un caricaturiste, un peintre, un illustrateur, un homme de théâtre, un écrivain, un marionnettiste et un homme de science de valeur. Ses œuvres ne s’enferment pas dans une simple quête d’esthétisme mais elles n’en sont pas moins un sincère et riche investissement.
Nohant fourmille encore aujourd’hui de la trace de toutes ces recherches et réalisations. Le magnifique atelier de Maurice aménagé dans les combles de la maison renferme beaucoup de trésors : dessins, ébauches, carnets de voyage, collections d’insectes et de minéraux, marionnettes, éléments de décors, planches d’herbier, affiches de théâtre etc.
Maurice dira à sa sœur Solange, peu de temps avant de mourir :